Plus d'images

 

HORS-TEXTE

Les esprits du bois

"Trop de soucis et de concentration ? Régénérez-vous et distrayez-vous", c'est là l'énergie du bois ! Cette maxime positive extraite des préceptes médicaux chinois (lesquels sont fondés sur la conception des cinq éléments, reliés et mus par le Yin et le Yang, sources de toutes choses), ne reflète pas la crainte et la suspicion liées au bois, que bien des générations de l'espèce humaine ont perpétué. Les civilisations les plus anciennes ont toujours eu des relations très particulières avec ce matériau naturel. Sa noblesse, son caractère vivant, son aspect à la fois puissant et éphémère lui ont attribué des dons divins, néfastes ou positifs, et sont à l'origine de nombreux mythes et légendes.

Souvent les effigies des dieux étaient sculptées dans une pièce de bois, les réceptacles des morts étaient en bois, les arbres mythiques liés à la vie humaine et à l'univers : "L'arbre (goyavier, camphrier, linga, l'arbre à souhait ou l'arbre au centre de la scène, dit gunungan ou kekayon, du théâtre d'ombres), par son sommet et ses racines, devient porte du ciel, champ de bataille entre l'homme et l'ordre naturel, forêt de défi des esprits et d'épreuves initiatiques, aussi bien que signe de victoire, de créativité et de sainteté".

Voici donc quelques-unes des croyances et des légendes asiatiques qui entourent le bois.

Le mythe yao : "Le mythe yao enchaîne la canicule après le déluge pour punir le héros prométhéen qui l'a provoqué. Celui-ci, qui se nomme Tchang Lo Ko, a pu échapper au désastre en trouvant refuge dans un parapluie renversé. Lorsque les eaux s'écoulèrent, il resta accroché au sommet d'un pin sans pouvoir en descendre. Sur ce apparurent les douze soleils qui le firent littéralement fondre. Son suif pénétra le pin. C'est depuis ce jour que les pins ont de la résine, ce qui permet d'en faire des torches pour s'éclairer la nuit".

L'arbre du monde : deux enfants arrivent au pied de l'arbre Usokbhoktar, au pays des Jambosiers. Pour échapper au temps destructeur et à la mort, ils doivent récupérer un globe de cristal situé au faîte de l'arbre : "L'atteinte de l'immortalité est, en effet, présentée dans les termes d'une épopée héroïque : les sept enceintes de la ville Nirvâna ne comportent aucune ouverture. L'exploit constitue donc une épreuve initiatique par excellence qui ne peut être surmontée physiquement, et c'est par l'intermédiaire de cet arbre que les Enfants-esprits doivent opérer le transfert paradoxal qui les fera s'introduire dans le Nirvâna et acquérir l'immortalité".

Le Pipal : "Depuis les temps les plus anciens, en Inde, on a rendu un culte à des arbres sacrés, notamment à l'ashvattha, ou pipal. C'est sous un tel arbre que le Bouddha, à Gaya, appelé depuis lors Bodh-Gaya, atteignit la délivrance, la Bodhi. Cet arbre, ou un de ses descendants, est un lieu de pèlerinage éminent pour tous les bouddhistes".

L'arbre cosmique : "Les trouées dans le ciel et dans la terre fournissent une première indication de la non-étanchéité des mondes. Par ces ouvertures passe l'axe du monde, l'arbre cosmique ouralo-altaïque. Axe de l'univers, il est le pilier du monde, le point stable situé au centre du cosmos et qui le soutient. Il relie le nombril du ciel, l'Étoile polaire, à la terre et aux mondes inférieurs. Les Ostiaks lui prêtent sept échelons, comme au ciel. Les Altaïens savent qu'au nombril de la terre, croît l'arbre le plus élevé, le sapin géant, dont les branches se dressent jusqu'à la demeure de Baï Ulgän au sommet de tous les cieux. Les Mongols, les Bouriates, les Kalmouks et les Tartars de l'Altaï appellent l'étoile Polaire "le pilier d'or". Les dieux y attachent leur monture. (...) Image du cosmos, l'arbre est aussi symbole de vie. Il est le lieu de résidence privilégié de certaines grandes divinités féminines, maîtresses des animaux, de la végétation et de la reproduction, source de toute vie".

© Valérie KOCH - Tous droits réservés - REPRODUCTION (MÊME PARTIELLE) INTERDITE

<< Retour

 

  << Agence VekhaReportages >>